mardi 24 décembre 2013

Fêtes de fin d'année



Laghouat Voyage dépose, pendant quelque temps, ses valises et souhaite 
à toutes et à tous de joyeuses fêtes, une année 2014 riche en rencontres, échanges et partage.

samedi 21 décembre 2013

De l'architecture romane à l'architecture gothique


Maquette de l'abbaye aux alentours de 1600

Le parcours-découverte élaboré en amont du voyage au Mont-Saint-Michel suit son cours.
Pour une mise en perspective de l’architecture romane et de l’architecture gothique, la découverte des différences majeures entre les deux styles, nous avons organisé deux visites distinctes. Nous entraînons à notre suite un premier groupe, un samedi matin, qui débute sur une note pluvieuse avant de se transformer en une touche citron givré. Le second groupe bénéficiera de la douceur relative d’une après-midi de décembre.

Nos pas nous mènent jusqu’à la Basilique* cathédrale** de Saint-Denis,  lieu dont la construction s’est organisée autour de différentes architectures, entre les Vème et XIIIème siècles. Cette visite nous permet de renouer avec la grande et les petites histoire(s) liées au monument.

De l’origine du nom et de la construction de la basilique de Saint-Denis

Nous en sommes en 250 environ après Jésus-Christ. La Gaule est sous domination romaine. Les Romains, polythéistes, vénèrent plusieurs déesses et dieux, dont Zeus (dieu du Ciel), Mars (dieu de la Guerre), Vénus (déesse de l’Amour), pour ne citer que les plus connus d’entre eux.
Denis est un chrétien, envoyé par le Pape qui, animé par sa foi, a pour mission d’évangéliser la ville de Lutèce. Afficher d’autres croyances que celle de Rome et de ses empereurs, expose le courageux missionnaire. Capturé, Denis est jeté en prison puis décapité à Montmartre. 
La légende raconte que Denis se relève, ramasse sa tête, la nettoie dans une fontaine, descend la colline de Montmartre, la tête entre les mains, et marche sur six kilomètres avant de s'arrêter à l'endroit précis où se tient aujourd'hui la fosse dans laquelle il est enterré.
Regards interloqués et sourires des participants. "On a enterré Saint-Denis avec sa tête ?" interroge Sebiha.


Fosse où a été enterré Denis, martyr chrétien
Rapidement une église est construite en mémoire de Denis, mort en martyr. Les pèlerins affluent, d'autres édifices jouxtent le bâtiment initial.
Comme de nombreuses églises chrétiennes, l'architecture de Saint-Denis suit un plan en forme de croix latine. Détail d'importance, l’église est orientée, c’est-à-dire, tournée vers l’Orient, vers la Jérusalem céleste (l'entrée se situe à l'Ouest et le chœur, lieu sacré par excellence, à l'Est).
Nous débutons  la visite par la crypte archéologique, lieu de départ de l'histoire de la construction de cette église.


L'architecture romane

Faisons un bond dans l'histoire pour parvenir dans les années 1000.
Le style roman, qui prédomine, se caractérise par sa forme arrondie. Un arrondi parfait. Arrondi des arcs qui constituent la voûte, laquelle fait porter tout son poids sur les murs construits entre les colonnes. Les colonnes sont coiffées de chapiteaux sculptés, à hauteur de regard, telles des passeurs d'histoires. Tout un monde de personnages et d’événements se croisent. Des représentations facilement lisibles des personnes qui venaient prier car le plus souvent extraites de la Bible.
Il fait sombre en ce lieu qui demeure, malgré tout, magique. En effet, les ouvertures y sont rares et étroites, elles ne laissent pas pénétrer la lumière. 

 Kaoutar et Mamdou forment la voûte. Moussa et Mahamadou les contreforts.
Voûte d'arêtes
Murs construits entre les piliers
Détail d'un chapiteau
L'architecture gothique

Un nouveau pas vers le futur nous permet d'atteindre l'an 1140. 
Nous remontons vers l'église qui se situe au-dessus de nos têtes, vers la lumière. Les changements sont immédiatement visibles. 
Les arcs présentent ici des angles cassés, brisés. L'arc brisé caractérise l'art gothique. Le poids de la voûte retombe, non pas sur les colonnes, mais sur les ogives qui, elles-mêmes reportent ce poids sur quatre colonnes. L'espace s'ouvre, se libère, s'allège. 
On construit plus haut, beaucoup plus haut - 29 mètres à Saint-Denis - de larges fenêtres apparaissent, l'art gothique devient art de lumière. 
En extérieur, les contreforts prennent de la distance grâce à l'arc boutant qui confère un aspect plus aérien à l'ensemble.

Architecture gothique vivante.
L'une des caractéristiques de l'art gothique, l'arc-boutant

Les ogives divisent le poids de la voûte
L'espace s'ouvre, les murs s'élancent vers le ciel



L’histoire ne vient plus s'installer sur les chapiteaux des colonnes mais habille désormais les fenêtres où les couleurs illuminent les vitraux. Du rouge qui exalte, du bleu qui laisse une impression de profondeur. Le bleu, largement utilisé, est la couleur du roi, du ciel.

Terminée au XIIIème siècle, la basilique de Saint-Denis est habitée, jusqu'à la Révolution française, par des Bénédictins, moines de l'ordre de Saint Benoît. Elle comporte alors des lieux de vie (réfectoire, cuisine, dortoir) proches du chœur, pour que les moines puissent aisément assister aux offices, notamment nocturnes. Nouvel étonnement et ahurissement dans l'assistance car les moines prient huit fois par jour.

L'essentiel de la visite terminée, nous rejoignons une salle pour que chacun puisse s'essayer à la construction d'éléments d'architecture romane à l'aide de modules en bois.
Observation, réflexion, concentration, compétition pour ce moment ludique et  sympathique qui fera dire, plus tard, à Ahmed : "Avec Laghouat, j'ai fait le bon choix".






(*) Basilique. Titre donnée aux églises de pèlerinage, où reposent les reliques d’un saint. La basilique est également consacrée par le Pape.

(**) Cathédrale. Lieu où l'évêque, en charge d'un diocèse, s'asseyait dans un siège appelé la cathèdre.



lundi 16 décembre 2013

A chacun à son rythme

Vendredi 13 décembre, date de notre troisième rendez-vous mensuel. Déjà ! Le temps passe vite, très très vite. Les visites s'enchaînent et respectent le calendrier et le programme fixés.

Nous entamons cette rencontre, comme à l'habitude, autour d'une table où se côtoient café et thé, de ronds et charnus beignets,  la blondeur vitaminée d'un cake à la mandarine, une alléchante tarte aux pommes et - fêtes de  fin d'année obligent - quelques rochers au chocolat, bien à l'abri sous leur papier doré, mais pas pour longtemps !

A croire, pour ceux qui embarqueraient tardivement à bord de ce carnet de voyage, que nous partons en croisière gastronomique et non en voyage au coeur de l'histoire ... ou plus exactement des histoires car tous ces moments sont riches en échanges et anecdotes.

Les beignets d'Aïcha !
En prévision de la visite du musée de Cluny, en janvier prochain, puis plus tardivement de la collection d'objets médiévaux du Louvre, nous voulions revenir sur cette période de l'histoire longue de quasiment mille ans. Nous avons utilisé quelques dates et repères chronologique pour la situer en demandant tout d'abord à chacun, de nous indiquer des dates de l'histoire de France qu'ils connaissaient.

Du 1er siècle qui marque le début de l'ère chrétienne, Najib nous indique que l'an zéro correspond "à la naissance de Jésus".
Ahmed nous donne un véritable cours d'histoire de France et rappelle que le "début de la Renaissance" date de 1492. Viennent ensuite, un peu dans le désordre, "la deuxième guerre 1940" mentionnée par Moussa et nous apprenons que le 14 juillet est une date "contre le roi".
Bien sûr, nous évoquons le rôle de Charlemagne dans le développement de l'instruction, ce qui déclenche une question de Kaoutar. "En 800, l'école est obligatoire ?" nous demande-t-elle, ce à quoi Pierre lui répond : "non, c'est en 1882".


L'espace temps qui nous intéresse reste, cependant, le Moyen Âge, pas tant  les dates qui ont marqué l'histoire, mais plutôt la vie des hommes au quotidien : l'habitat, les vêtements, l'alimentation, la vie monastique, la vie aux champs ...




L'habitat, notamment les maisons en torchis, au toit recouvert de paille, fait réagir Saïd qui nous lance un émouvant "on va dormir dans ce genre de maisons ?".
Présentation succincte de l'intérieur, dépouillé, des maisons de paysans et, plus richement garni, de celui des seigneurs. Le foyer, dont nous rappelons l'étymologie suscite, des commentaires : "femmes au foyer, elles gardaient le feu ?" questionne Kaoutar.
La physionomie des châteaux forts, et plus particulièrement celui présenté, posé sur un large promontoire et pourvu d'un immense donjon, rappelle à  Moussa : "les donjons, c'est comme la tour Montparnasse".

Les vêtements, l'alimentation, la boisson, le vin notamment - ressource abondante qui a sa place sur toutes les tables et est bu de tous - interloquent parfois. Non, il n'y avait "pas de coca" à l'époque et l'eau était polluée, alors, oui, même les enfants en buvaient.

De tous les sujets, celui qui a permis de clôturer, en beauté, dans une ambiance détendue, tiède et enveloppante, cette soirée, demeure les troubadours !

Était-ce le sujet, la musique, la vue de la viole qui rappelle, par sa forme arrondie, l'oud,
Était-ce le plaisir d'être ensemble, de commencer à mieux se connaître, de se sentir en confiance,
Était-ce le besoin, au terme d'une longue et froide semaine, de se détendre, de se laisser aller au plaisir de l'instant,
Était-ce un de ces moments de grâce qui éclot, comme ça, sans préméditation, sans que l'on sache pourquoi et qui vous laisse le coeur gonflé, qui vous met l'âme au repos et vous fait souhaiter que cela recommence très vite,

Peu importe, au fond, la raison, c'est sur les chants de Mohamed puis d'Ahmed, sur les fredonnements d'Aïcha et de Kaoutar, au rythme des mains de tous, que nous avons conclu ces deux heures, avec en guise de cadeau d'au revoir, de larges sourires.




Chants, rires pour clôturer une belle soirée





lundi 2 décembre 2013

Décris-moi ton enseigne, je te dirai qui tu es



Pénétrer dans l'enceinte du musée Carnavalet équivaut à un bond immédiat dans le Paris du début du XIXème siècle. C’est se projeter dans un monde où landaus et calèches viendraient déverser d’élégantes parisiennes, la taille prise dans de longues jupes garnies d’un flot de rubans et accompagnées de messieurs en habit. 

Ancien hôtel particulier, la cour pavée, d’une majestueuse et blême froideur, laisse dès notre entrée une forte impression sur l'ensemble des groupes. 

Nous y avons organisé deux visites, notre intérêt se portant sur les deux salles abritant des enseignes datant du XVème au XVIIIème siècles. Toutes évoquent l’ambiance du vieux Paris. Ce fut l’occasion de réflexions et de moments drôles, fugitifs,  sur lesquels nous nous attardons volontairement pour en conserver l’empreinte.
La première salle aux enseignes du musée Carnavalet

Visite du groupe de l'après-midi


L'enseigne aux trois rats - que nous avons appelés souris pour simplifier et qui suscite chez Shomon Mia la remarque suivante "beaucoup, beaucoup de souris dans le métro !" - a été source d'intenses réflexions. S'agissant d'une enseigne de fromager, nous leur avons donné quelques indices et posé moult questions pour les orienter. Nous finissons par leur demander de  lister le produit français présent en fin de repas sur toutes les tables françaises. Froncement de sourcils. Baguette, céréales ... oui, mais que mange-t-on avec la baguette ? Re-froncement de sourcils. Confiture, beurre, jambon ... fromage ! 
Lors de la première des deux visites, l'une des participantes a trouvé la réponse, qui l'eût imaginé, grâce aux cartoons américains. Merci, Jerry !

La vitrine de l'apothicaire a, elle aussi, laissé la place aux spéculations. "Il vend des assiettes en porcelaine ?" demande Mamadou. "C'est un antiquaire " réplique Moussa. Le pilon et le mortier, technique traditionnelle utilisée dans  la pharmacologie ancienne ne semblent inspirer personne. Finalement, ce sont Aïcha, Diana et Santhyyaseelan qui découvrent, au terme de longues minutes, qu'il s'agit des précurseurs de nos actuels pharmaciens. 


 L'enseigne du coutelier, large paire de ciseaux suspendue dans les airs, a donné lieu à diverses hypothèses dont le coiffeur, pour Hassan et le tailleur ou le couturier, selon Mohamed et Santhyyaseelan.

Enseigne de coutelier
Enseigne de lunettier
Enseigne de boulanger
Le Persan, enseigne d'un marchand de cachemires et de dentelles



Enseigne de chapelier





Comme son nom l'indique ...

Les maquettes de l'île de la Cité et de la Ville de Paris attirent l'attention de tous et donnent manifestement des idées à Daho qui se montre très attentif.



Nous nous éparpillons ensuite dans le musée, suivons une enfilade de couloirs et de pièces, partons à la découverte des étages qui retracent l'histoire de Paris. Le groupe se déride, l'ambiance se réchauffe.  
Shomon Mia a le mot facile et un sourire qui ne cesse de s'épanouir au fil de sa belle humeur. Il a le sens de l'humour également car, à la vue de la chambre de Paul Léautaud, dont le mobilier donne une idée du désordre dans lequel celui-ci vivait, il s'exclame "la chaise, ça, pour la poubelle". Éclat de rire général. Et, en effet, la chaise présente un cannage défoncé et bien fatigué.



Alors que nous nous attardons sur les peintures qui offrent de nombreuses vues de la capitale, de moments historiques ou encore le portrait de personnalités parisiennes, Hassan, l'oeil scrutateur, relève :  « c’est pas bien la peinture ». Nous sommes, à cet instant, debout face à un portrait de Henri Gervex, pastelliste français et voyageur. Nous demeurons, un court moment, perplexes. Puis, nous nous apercevons que son regard se porte, non pas sur les œuvres, mais sur le mur de support. Il précise alors « les fissures, le rebouchage, le ponçage, c’est pas bien ». Entendez, ce n'est pas un travail de professionnel.


Un peu plus loin, le berceau du prince impérial, soulève des murmures d'approbation, "c'est beau" et d'interrogation "on a mis un bébé dedans ?".


Berceau offert par la Ville à l'occasion de la naissance d'Eugène Louis, prince impérial
Alors que la matinée avait commencé dans la grisaille, au sortir du musée, le ciel offrait au regard des filaments de nuages laissant place à un ciel à la lumière d'un bleu laiteux. Une belle journée.