samedi 21 décembre 2013

De l'architecture romane à l'architecture gothique


Maquette de l'abbaye aux alentours de 1600

Le parcours-découverte élaboré en amont du voyage au Mont-Saint-Michel suit son cours.
Pour une mise en perspective de l’architecture romane et de l’architecture gothique, la découverte des différences majeures entre les deux styles, nous avons organisé deux visites distinctes. Nous entraînons à notre suite un premier groupe, un samedi matin, qui débute sur une note pluvieuse avant de se transformer en une touche citron givré. Le second groupe bénéficiera de la douceur relative d’une après-midi de décembre.

Nos pas nous mènent jusqu’à la Basilique* cathédrale** de Saint-Denis,  lieu dont la construction s’est organisée autour de différentes architectures, entre les Vème et XIIIème siècles. Cette visite nous permet de renouer avec la grande et les petites histoire(s) liées au monument.

De l’origine du nom et de la construction de la basilique de Saint-Denis

Nous en sommes en 250 environ après Jésus-Christ. La Gaule est sous domination romaine. Les Romains, polythéistes, vénèrent plusieurs déesses et dieux, dont Zeus (dieu du Ciel), Mars (dieu de la Guerre), Vénus (déesse de l’Amour), pour ne citer que les plus connus d’entre eux.
Denis est un chrétien, envoyé par le Pape qui, animé par sa foi, a pour mission d’évangéliser la ville de Lutèce. Afficher d’autres croyances que celle de Rome et de ses empereurs, expose le courageux missionnaire. Capturé, Denis est jeté en prison puis décapité à Montmartre. 
La légende raconte que Denis se relève, ramasse sa tête, la nettoie dans une fontaine, descend la colline de Montmartre, la tête entre les mains, et marche sur six kilomètres avant de s'arrêter à l'endroit précis où se tient aujourd'hui la fosse dans laquelle il est enterré.
Regards interloqués et sourires des participants. "On a enterré Saint-Denis avec sa tête ?" interroge Sebiha.


Fosse où a été enterré Denis, martyr chrétien
Rapidement une église est construite en mémoire de Denis, mort en martyr. Les pèlerins affluent, d'autres édifices jouxtent le bâtiment initial.
Comme de nombreuses églises chrétiennes, l'architecture de Saint-Denis suit un plan en forme de croix latine. Détail d'importance, l’église est orientée, c’est-à-dire, tournée vers l’Orient, vers la Jérusalem céleste (l'entrée se situe à l'Ouest et le chœur, lieu sacré par excellence, à l'Est).
Nous débutons  la visite par la crypte archéologique, lieu de départ de l'histoire de la construction de cette église.


L'architecture romane

Faisons un bond dans l'histoire pour parvenir dans les années 1000.
Le style roman, qui prédomine, se caractérise par sa forme arrondie. Un arrondi parfait. Arrondi des arcs qui constituent la voûte, laquelle fait porter tout son poids sur les murs construits entre les colonnes. Les colonnes sont coiffées de chapiteaux sculptés, à hauteur de regard, telles des passeurs d'histoires. Tout un monde de personnages et d’événements se croisent. Des représentations facilement lisibles des personnes qui venaient prier car le plus souvent extraites de la Bible.
Il fait sombre en ce lieu qui demeure, malgré tout, magique. En effet, les ouvertures y sont rares et étroites, elles ne laissent pas pénétrer la lumière. 

 Kaoutar et Mamdou forment la voûte. Moussa et Mahamadou les contreforts.
Voûte d'arêtes
Murs construits entre les piliers
Détail d'un chapiteau
L'architecture gothique

Un nouveau pas vers le futur nous permet d'atteindre l'an 1140. 
Nous remontons vers l'église qui se situe au-dessus de nos têtes, vers la lumière. Les changements sont immédiatement visibles. 
Les arcs présentent ici des angles cassés, brisés. L'arc brisé caractérise l'art gothique. Le poids de la voûte retombe, non pas sur les colonnes, mais sur les ogives qui, elles-mêmes reportent ce poids sur quatre colonnes. L'espace s'ouvre, se libère, s'allège. 
On construit plus haut, beaucoup plus haut - 29 mètres à Saint-Denis - de larges fenêtres apparaissent, l'art gothique devient art de lumière. 
En extérieur, les contreforts prennent de la distance grâce à l'arc boutant qui confère un aspect plus aérien à l'ensemble.

Architecture gothique vivante.
L'une des caractéristiques de l'art gothique, l'arc-boutant

Les ogives divisent le poids de la voûte
L'espace s'ouvre, les murs s'élancent vers le ciel



L’histoire ne vient plus s'installer sur les chapiteaux des colonnes mais habille désormais les fenêtres où les couleurs illuminent les vitraux. Du rouge qui exalte, du bleu qui laisse une impression de profondeur. Le bleu, largement utilisé, est la couleur du roi, du ciel.

Terminée au XIIIème siècle, la basilique de Saint-Denis est habitée, jusqu'à la Révolution française, par des Bénédictins, moines de l'ordre de Saint Benoît. Elle comporte alors des lieux de vie (réfectoire, cuisine, dortoir) proches du chœur, pour que les moines puissent aisément assister aux offices, notamment nocturnes. Nouvel étonnement et ahurissement dans l'assistance car les moines prient huit fois par jour.

L'essentiel de la visite terminée, nous rejoignons une salle pour que chacun puisse s'essayer à la construction d'éléments d'architecture romane à l'aide de modules en bois.
Observation, réflexion, concentration, compétition pour ce moment ludique et  sympathique qui fera dire, plus tard, à Ahmed : "Avec Laghouat, j'ai fait le bon choix".






(*) Basilique. Titre donnée aux églises de pèlerinage, où reposent les reliques d’un saint. La basilique est également consacrée par le Pape.

(**) Cathédrale. Lieu où l'évêque, en charge d'un diocèse, s'asseyait dans un siège appelé la cathèdre.



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