mercredi 26 février 2014

Journée de repérage



Villedieu-les-Poêles, un jeudi de février. Une pluie dense et persistante nous accueille pour notre journée de repérage au Mont-Saint-Michel. Il nous a, en effet, semblé indispensable d'effectuer, en amont de notre séjour, une visite de reconnaissance.

À peine le pied posé sur le quai, nous faisons connaissance de Marie-Claire, souriante sous un large parapluie et qui - les présentations faites -  nous conduit immédiatement jusqu’au Mont-Saint-Michel. À bonne distance de notre destination, sa silhouette floue nous apparaît de loin puis se fait de plus en plus précise, imposante ... d'une densité de granit sur fond d'horizon brouillé.

Lieu de dépose, stationnement du bus, départ des navettes, office de tourisme, accueil, nous visualisons et enregistrons tous les détails nécessaires au bon déroulement de la visite d’un groupe comprenant soixante personnes.

Vue du Mont par une matinée pluvieuse
En noir et blanc, à l'image du temps de cette matinée
Vue sur l'horizon. Au loin, le rocher de Tombelaine

Après un premier aperçu de l’environnement extérieur, nous rencontrons – enfin  – le reste de l’équipe du service culturel, composée de Annick et Delphine. Assis autour d’une large table, un café à portée de main, nous découvrons le planning de la journée que nous passerons dans ce même lieu, le 21 avril prochain : visite de l’abbaye, ateliers divers et pour tous les goûts : photo, vitrail, calligraphie, land-art. 

Nous parcourons rapidement, car pressés par le temps, l’abbaye, traversant les immenses salles désertes à cette époque de l’année ; montant et descendant les escaliers étroits aux marches inégales ; effleurant les murs ; enregistrant du coin de l’œil, ici un arc brisé, là la courbure d’une voûte ; appréciant le calme et la sérénité qui émanent ce jour-là du lieu ; s’émerveillant du jardin qui sommeille dans le cloître ; découvrant sur les remparts un ciel apuré, dégagé des lourds nuages qui obstruaient l’horizon ; humant avec délice les odeurs fraîches de cette escapade inespérée.



Ouvert sur le ciel, le jardin au milieu du cloître

Pause déjeuner avant un départ pour les gîtes, maisons traditionnelles déposées sur l’écrin vert du polder Saint-Louis et où nous nous installerons trois jours durant. Là-encore, nous notons la disposition des chambres, le nombre de couchages, jetons un œil à la cuisine et aux commodités, enregistrons l'espace mis à disposition, évaluons les conditions d'accès de l'autobus, nous renseignons sur les possibilités d'achats alimentaires ... Et apprenons, par la même occasion, que les polders se sont développés au XIXème siècle.

Gîte de la Croix-Morel

Gîte Saint-Louis
Lors de notre retour vers le Mont-Saint-Michel, nous constatons que la lumière de ce milieu d'après-midi lui confère un aspect différent du matin et lui donne une beauté pourpre, d'une extraordinaire profondeur.

L'après-midi touche à sa fin mais nous avons encore le temps d'enfiler chacun une paire de bottes et de descendre au pied du Mont, sur la plage, où les rochers déchirés offrent à nos yeux curieux une beauté sauvage. Le vent se fait plus vif, le ciel se couvre à nouveau de nuages menaçants. Nous prenons le temps d'examiner les lieux qui se prêteront, si les conditions le permettent, à l'atelier d'art éphémère, le sand art.

La chapelle Saint-Aubert

Échouée sur la plage on ne sait par quel miracle
L'eau creuse des sillons et des veines dans le sédiment
Il est bientôt l'heure de boire un dernier café puis de retourner, sous une pluie battante, à la gare.
Nos remerciements semblent bien dérisoires devant la gentillesse et la disponibilité au cours de cette journée de nos trois hôtesses.

Inutile le repérage ? Non, indispensable. Car il serait dommage que les efforts entrepris tout au long de cette année pour planifier cette sortie soient laminés par des fausses notes et autres désagréments.


Dans le village
Enseigne




lundi 24 février 2014

Atelier de février



Sur le tableau de la salle où nous nous réunissons chaque mois, une main anonyme avait tracé, ce vendredi 14 février, un gigantesque Je t’aime mon amour.
Au-delà de ce sympathique message de bienvenue, la soirée a rassemblé un petit comité. Onze personnes présentes, un anniversaire à fêter, celui de Mahmoud, arrivé tardivement mais qui a cependant pu déguster une part de framboisier, apporté pour l'occasion.

Quelques nouvelles questions, destinées au service culturel du Mont-Saint-Michel ont été soumises. Des questions pratico-pratiques, pourrait-on dire.

« Quel sera le temps au mois d’avril ? » Ahmed
« Comment fait-on pour arriver au Mont-Saint-Michel quand il y a de l’eau ? » Alam
« Y-a-t-il de gros poissons dans la mer ? » Alam (phoques, baleines et autres mammifères marins).
« Quelle est la grande ville la plus proche ? » Daho

Et puis, par manque d’inspiration ou de préparation, parce que chacun avait envie de parler, parce que de petits groupes se sont spontanément constitués et échangeaient entre eux, nous avons tenté de reprendre ce sur quoi il faudrait travailler pour réaliser le carnet de voyage :

-         le ressenti, les impressions de chacun
-         l’observation et la description de l’environnement (la faune, la flore, le paysage, l’architecture, les bruits de la mer, des oiseaux …)
-         l’itinéraire et les lieux visités
-         la récolte de souvenirs divers et variés


Nous leur avons demandé d’anticiper, de se projeter et de nous décrire comment ils envisageaient ce séjour.
De revenir sur la définition du voyage. Voyager, c'est partir, revenir aussi, souvent mais pas toujours.

Imaginer, rêver, laisser courir son imagination, anticiper ... l'exercice n'est pas si facile qu'il y parait.
Pour Farag, c’est une promenade qui se profile tandis que le séjour s'apparente, pour Aïcha, a un moment d'évasion, une envie de laisser derrière elle, le temps de quelques jours, le quotidien. Ses yeux  brillent à cette évocation, son envie palpite et se propage à toute la salle.







samedi 1 février 2014

Merveilleux Moyen Âge : la table



Que l’on soit seigneur ou paysan, au Moyen Âge, on ne se nourrit pas de la même façon. Pour découvrir la cuisine et les habitudes alimentaires médiévales, nous avons entraîné à notre suite un second groupe au Musée de Cluny.

Comme de nos jours, trois repas rythment les journées : le déjeuner tôt le matin vers 7 heures, le dîner puis le souper.

Pour leur déjeuner, les paysans se contentent d’un œuf, d’une pomme ou de pain. Les seigneurs prennent, pour leur dîner, un potage composé de légumes et de viande, cuits dans un bouillon. Le souper comprend une viande rôtie dans la cheminée.
Jusqu’à six menus peuvent être servis, dont trois plats de viande - porc ou produits de la chasse -  et deux plats de poissons de rivière.

L’utilisation d’épices autres –  herbes odoriférantes pour les moins fortunés et épices provenant de pays lointains pour les autres – est importante. Elles sont utilisées en guise d’assaisonnement, afin de donner au mets saveur et couleur. Certaines épices sont utilisées comme conservateur.

La marmite, ustensile principal de la cuisine, est accrochée au dessus du feu, sur des chenets surélevés, conservant ainsi au chaud, légumes et bouillon.



Le service ne s’effectue pas dans des assiettes dont la présence est encore fort rare. Les plats sont servis directement sur de grosses tranches de pain dur qui serviront ensuite à nourrir les cochons. Et comme la fourchette n’existe pas non plus, on mange à l’aide de trois doigts et d'un couteau.

La salière, placée à proximité des hôtes de marque

Une épaisse tranche de pain fait office d'assiette
Autour de la table, les invités de marque sont place au centre, face à la cheminée et à côté du seigneur. La boîte à sel, en argent, est placée à proximité des invités. Le sel est synonyme de richesse.

Banquet

Le seigneur a invité une quarantaine de convives qui se retrouvent dans une salle richement décorée. En guise de table, des planches sont installées sur des tréteaux, disposées en forme de « U », face à la cheminée. Deux nappes masquent les planches, dont une pour protéger le bois et la seconde qui servira tout à la fois pour s’essuyer la bouche et les mains.
Au centre, musiciens, danseurs, joutes animent le festin auxquels se pressent des invités richement habillés.
Le repas commence mais, plus on est éloigné de la table, moins on a de chance de pouvoir goûter aux plats et entremets proposés.
Les verres sont partagés. Lorsqu’un convive a terminé son verre, le seigneur demande à l’échanson (le sommelier) de le remplir à nouveau avant de l’offrir à ses invités. Cette pratique est la garantie de ne pas être empoisonné.


Merci à Marie-Laure pour son aide précieuse dans la prise de notes.


Lettrine et enluminure, l'alliance du beau et de l'utile

C'est dans l'imposant bâtiment des Archives Nationales que nous avons participé à un atelier lettrine où nous avons découvert, l'espace d'un trop bref moment, la beauté, la précision, la richesse des écrits et décors des manuscrits médiévaux.

Les Archives Nationales sont installées dans un bâtiment construit sur les restes d'un ancien château fort, dont était propriétaire Olivier de Clisson, chef des armées du roi Charles V, et auquel des éléments ont été rajoutés au cours du XVIIIème siècle.

Classement et conservation
Réparties sur quatre sites, les Archives Nationales sont avant tout un espace où l'on collecte et conserve les documents relatifs à la vie publique de la Révolution à nos jours. Il peut s'agir de documents sur papier ou d'objets : peintures, sculptures, un morceau de mur portant un graffiti ... dès l'instant qu'ils traitent de l'histoire politique, administrative ou judiciaire de la France.
Le plus ancien document conservé date de l'année 625. Les Archives accueillent tout ce qui émane de l'Assemblée nationale, des ministères, de la présidence de la République.

48 kilomètres de linéaire rassemblant divers documents
La Révolution a totalement changé le paysage et le visage du pays. Les femmes et hommes de l'époque ont décidé de devenir des citoyens à part entière, de prendre en charge leur destinée. Quel autre moyen de connaître son histoire, de garder le souvenir des événements passés, les preuves que de les conserver dans un lieu spécialement dédié ?
Napoléon Ier achète le lieu et commence à y déposer, à y entasser tous les documents relatifs à cette histoire politique et administrative.

L'écriture au Moyen Âge

La société médiévale est composée de trois catégories :
  •  ceux qui travaillent : paysans, commerçants de diverses corporations, médecins, hommes de loi ...
  • le clergé : prêtres, moines ...
  •  les chevaliers, la noblesse.
Parmi ces différentes catégories, commerçants, médecins connaissent, pour certains, quelques rudiments d'écriture. Pour la noblesse et les chevaliers, la lecture n'est pas nécessairement maîtrisée. En revanche, les moines dont la mission est de transmettre la Bible, possèdent cette connaissance et apprennent à lire et à écrire.

Les moines copieurs travaillent dans un scriptorium (du latin scribere), pièce claire pourvue de fenêtres. Ils utilisent tout d'abord  comme support, du papyrus, papier utilisé pendant des millénaires, qui reste cependant très fragile d'utilisation et de conservation. Des problèmes de commerce empêche sa commercialisation à partir de l'an 800. Aussi utilisera-t-on ensuite de la peau de chèvre, de veau ou d'agneau traitée de telle sorte qu'elle offrira un support robuste quoique coûteux. C'est en Turquie, dans la ville de Pergame que le procédé naît, lui donnant par la suite son nom : le parchemin.


L’art de l’écriture

Au Moyen Âge, on écrit à l’aide d’une plume récupérée sur le flanc d’un volatile (oie, faisan, corbeau, etc.). La mie de pain sert à absorber le surplus d’encre et l’on conserve à portée de main un petit couteau pour tailler la plume ou gratter d’éventuelles erreurs. En guise d’encre, on utilise des pigments naturels à base de végétaux tels la noix de galle ou le brou de noix ou de minéraux.

En guise d'encre, les moines utilisent noix de galle, brou de noix ...
Les moines copistes travaillent parfois de longs mois sur un livre. Mais jusqu’au XIIème siècle, la ponctuation n’est pas présente dans les textes. Les mots sont accolés les uns aux autres, rendant la lecture complexe. Aussi pour aérer le texte, le rendre plus compréhensible, en extraire un mot important, en plus de la lettrine qui marque un paragraphe et prolonge parfois en frise, les moines réalisent des enluminures, riches décors  représentant des végétaux, des animaux fantastiques ou des masques … les enluminures sont souvent détaillées, réalisées en couleur ou à la feuille d’or.

L'atelier
Le groupe que nous avons mené aux Archives s'est donc essayé à l’art de la lettrine et de l’enluminure sur un parchemin végétal. Chacun a esquissé le contour de la première lettre de son prénom et orné cette de motifs de fleurs, d’entrelacs, d’animaux. 

Précision du tracé et de l'à-plat

Nous avons ensuite repassé les contours de la lettrine et des motifs à l’encre noire.  Après séchage, nous avons enfin appliqué de la peinture dorée à l’intérieur de la lettrine.

Daho


Mohamed
Sylviane

Claude

Ahmed
Nous avons clos cette excursion par une visite des salles où sont entreposés, à la décoration mêlant bois et fer, quelque quarante-huit kilomètres linéaires de documents divers et variés.


Bois et fer, matériaux utilisés pour la décoration