lundi 30 mars 2015

Hôtel de ville de Paris, maison du peuple

Devise de Paris : "il est battu par les flots mais ne sombre pas". Photo : C. Benière
L'Hôtel de ville de Paris, maison des Parisiens, lieu de pouvoir, lieu de vie chargé d'histoire(s) ... histoire liée à la Révolution, à l'émergence de nouveaux droits, d'une égalité souhaitée.
Dans le cadre d'un projet autour de la citoyenneté, la visite d'une institution publique locale s'imposait. A la dimension civique, s'ajoute un cadre exceptionnel !
L'hôtel de ville qui s'étend sur plus d'un hectare et demi de surface au sol dont 2 300 m² de salons d'apparat comprend d'immenses escaliers, des décors fastueux datant du XIXème siècle, quelque 134 statues, des tableaux, du marbre, des bronzes, des lustres en cristal ...
Construit en 1553, incendié au moment de la Commune en 1871, l'hôtel de ville a été rebâti entre 1873 et 1892 par les architectes Ballu et Deperthes.
Inauguré en 1892, la décoration se poursuivra jusqu'en 1906. Une variété impressionnante d'artistes participent à cette entreprise où l'histoire de Paris, l'histoire de France et ses nombreux symboles sont représentés.

Peinture de Charles Lameire. Photo : C. Benière
Salon d'honneur. Photo : C. Benière
Ainsi dans le salon d'honneur, l'une des décorations picturales, signée Charles Lameire, symbolise grâce à sa nef peinte, la puissante corporation des marchands d'eau.
De part et d'autre du salon, des allégories des provinces. Avec ses glaces monumentales qui réfléchissent la lumière provenant de l'extérieur, le salon évoque également la galerie des glaces de Versailles.
République française, Liberté, Égalité, Fraternité ... tous les symboles de la nouvelle République, y sont gravés ou peints.

Photo : C. Benière
Photo : C. Benière

Vient ensuite la salle à manger qui glorifie la France agricole. Lustres, statues et décor néo-renaissance baroque donnent à cette dernière son côté majestueux  ...
Puis en enfilade, trois salons où trônent d'immenses cheminées à la française, jamais utilisées à une époque où chauffage, électricité et tout le confort moderne existait déjà. Le salon des sciences, salon des arts et salon des lettres rappellent au visiteur la grandeur des temps passés.

Photo : C. Benière
Ouverte à l'usager, la mairie avec tous ses symboles, ses fresques, symbolise bien l'évolution du sentiment républicain.







jeudi 26 mars 2015

Du palais royal à la prison

Vue cour intérieure. Photo : C. Merse
Ce pourrait être le titre d'un roman, d'un film, d'une vie ... Du palais royal à la prison est le destin d'un monument parisien, la Conciergerie.
Il est probable que le même petit air piquant, le même ciel d'un bleu laiteux existaient au VIe siècle, lorsque Clovis, roi des Francs, installe sa demeure royale sur l'Île de la Cité, à Lutèce.
Devenue le siège du pouvoir royal, la résidence se transforme au cours des siècles en siège du Parlement de Paris puis, dès la fin du XIVe siècle, en palais de justice et prison.

La salle des Gens d'armes. Photo C. Merse
En effet, Charles V ne souhaite pas vivre en ces lieux qui font remonter à sa mémoire une histoire douloureuse.  Il confie donc à un intendant, le "concierge", le soin d'administrer le lieu qui accueillera de nombreux prisonniers, dont certains sont illustres.

Le bureau du greffier. Photo : C. Merse
Dès 1790, la Conciergerie se transforme en haut lieu de la Révolution. Le tribunal révolutionnaire s'installe dans la Grand'chambre dès 1793. Ce sont plus de 2 700 personnes qui défileront devant l'accusateur public du tribunal, Fouquier-Tinville. Parmi eux, deux noms célèbres : Robespierre et la reine, Marie-Antoinette.
Chaque jour, des dizaines de personnes sont guillotinées. Boulanger, marchand de bois, prêtre, avocat, médecin  ... roturier ou  noble, toutes les couches de la population sont touchées.

Cellule de Marie-Antoinette. Photo : C. Merse
Abritée derrière un maigre paravent, Marie-Antoinette, surveillée jour et nuit par deux gendarmes, n'avait aucune intimité. La pièce est composée d'un lit à sangle, d'une table, de deux chaises et d'un fauteuil.
Une étroite fenêtre qui laisse entrer une lumière blafarde, donne sur la cour des femmes. Dans cette cour, on peut encore y voir encore la fontaine où les femmes lavaient leur linge, s'occupant à des tâches quotidiennes malgré la détention.

Cellule de pailleux. Photo : C. Merse
Les "pailleux", en référence au sol recouvert de paille, ne pouvaient comme les plus fortunés "pistoliers", monnayer une chambre leur offrant un autre confort que celui de leur pitoyable cellule.

La Conciergerie est, à l'époque, une véritable antichambre de la mort, où les condamnés - sitôt la sentence prononcée - étaient emmenés vers la salle de toilette où ils étaient dépouillés de leurs objets personnels.

La Chapelle des Girondins. Photo : C. Merse

Au sein de la Conciergerie, est abritée une chapelle, dite des Girondins, qui occupe l'emplacement de l'oratoire médiéval du roi. Les députés girondins y firent un dernier banquet avant leur exécution le 30 octobre 1793.

Seul le sol des salles médiévales est resté au même niveau qu'au XIVe siècle. C'est au XIXe siècle que la création des quais a permis le rehaussement de l'ensemble de l'Île de la cité et de tous les édifices qui entourent la Conciergerie.