jeudi 26 mars 2015

Du palais royal à la prison

Vue cour intérieure. Photo : C. Merse
Ce pourrait être le titre d'un roman, d'un film, d'une vie ... Du palais royal à la prison est le destin d'un monument parisien, la Conciergerie.
Il est probable que le même petit air piquant, le même ciel d'un bleu laiteux existaient au VIe siècle, lorsque Clovis, roi des Francs, installe sa demeure royale sur l'Île de la Cité, à Lutèce.
Devenue le siège du pouvoir royal, la résidence se transforme au cours des siècles en siège du Parlement de Paris puis, dès la fin du XIVe siècle, en palais de justice et prison.

La salle des Gens d'armes. Photo C. Merse
En effet, Charles V ne souhaite pas vivre en ces lieux qui font remonter à sa mémoire une histoire douloureuse.  Il confie donc à un intendant, le "concierge", le soin d'administrer le lieu qui accueillera de nombreux prisonniers, dont certains sont illustres.

Le bureau du greffier. Photo : C. Merse
Dès 1790, la Conciergerie se transforme en haut lieu de la Révolution. Le tribunal révolutionnaire s'installe dans la Grand'chambre dès 1793. Ce sont plus de 2 700 personnes qui défileront devant l'accusateur public du tribunal, Fouquier-Tinville. Parmi eux, deux noms célèbres : Robespierre et la reine, Marie-Antoinette.
Chaque jour, des dizaines de personnes sont guillotinées. Boulanger, marchand de bois, prêtre, avocat, médecin  ... roturier ou  noble, toutes les couches de la population sont touchées.

Cellule de Marie-Antoinette. Photo : C. Merse
Abritée derrière un maigre paravent, Marie-Antoinette, surveillée jour et nuit par deux gendarmes, n'avait aucune intimité. La pièce est composée d'un lit à sangle, d'une table, de deux chaises et d'un fauteuil.
Une étroite fenêtre qui laisse entrer une lumière blafarde, donne sur la cour des femmes. Dans cette cour, on peut encore y voir encore la fontaine où les femmes lavaient leur linge, s'occupant à des tâches quotidiennes malgré la détention.

Cellule de pailleux. Photo : C. Merse
Les "pailleux", en référence au sol recouvert de paille, ne pouvaient comme les plus fortunés "pistoliers", monnayer une chambre leur offrant un autre confort que celui de leur pitoyable cellule.

La Conciergerie est, à l'époque, une véritable antichambre de la mort, où les condamnés - sitôt la sentence prononcée - étaient emmenés vers la salle de toilette où ils étaient dépouillés de leurs objets personnels.

La Chapelle des Girondins. Photo : C. Merse

Au sein de la Conciergerie, est abritée une chapelle, dite des Girondins, qui occupe l'emplacement de l'oratoire médiéval du roi. Les députés girondins y firent un dernier banquet avant leur exécution le 30 octobre 1793.

Seul le sol des salles médiévales est resté au même niveau qu'au XIVe siècle. C'est au XIXe siècle que la création des quais a permis le rehaussement de l'ensemble de l'Île de la cité et de tous les édifices qui entourent la Conciergerie.

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